LE CLAPIER EN HIVER
 
 
La saison hivernale se manifeste avec ses alternatives si fâcheuses du froid plus ou moins vif, surtout la nuit, et de temps pluvieux et humide, toutes conditions préjudiciables à la bonne marche des élevages.
 
En lapinière bien aménagée, jouissant d'une bonne isolation et d'un chauffage approprié, d'une ventilation convenable et d'un éclairage satisfaisant, les lapins, protégés des perturbations atmosphériques, nourris rationnellement et abreuvés normalement, connaissent un confort qui permet de poursuivre, à peu près sans heurt, la reproduction et l'élevage des lapereaux.
 
La consommation de nourriture reste stable, les animaux n'ayant pas à compenser une déperdition excessive de calories.  De plus, le soigneur qui travaille dans d'excellentes conditions, à l'abri du froid et des intempéries, apporte à ses sujets des soins plus assidus qui contribuent à accroître la productivité du cheptel.

Ces nombreux lapereaux ainsi produits en hiver pourront être vendus dès avril, sur un marché encore insuffisamment pourvu.  L'éleveur trouvera là une première compensation, très appréciable compte tenu des investissements qu'il a consentis pour installer et aménager une lapinière moderne.
 
Cette exploitation du lapin qui tient compte des normes d'élevage représente évidemment les conditions idéales de cette spéculation.  Mais il n'est pas toujours possible, en élevage fermier et surtout en élevage familial d'appliquer - au moins dans l'immédiat - les procédés rationnels de l'élevage industriel.  Ces derniers élevages, de forme encore plus ou moins traditionnelle, ont cependant intérêt à observer des normes d'élevage aussi proches que possible de celles adaptées en lapinière moderne, et à procurer à leurs sujets des conditions de vie répondant à leurs besoins naturels ; ces élevages doivent eux aussi progresser.
 
Installés le plus souvent en clapiers extérieurs, ou sous abri, les lapins des élevages fermiers ou familiaux vivent en contact direct avec la nature, et il ne se pose pas à leur sujet des problèmes particuliers concernant l'aération ou la lumière.  Par contre, il convient, dans cette situation de les protéger autant que possible des vents dominants, et une bonne exposition (sud-est) est à préférer ; on utilisera les murs existants, au besoin des brise-vents. Ceux-ci ne devront pas présenter un obstacle impénétrable, car dans ce cas, le vent se redresse, passe au-dessus, puis retombe au-delà, sur les lapins, mais il faudra plutôt offrir des interstices dans lesquels le vent se brise, s'atténue.  On devra aussi se méfier du vent qui se glisse à travers une fente ou un trou.
 
Contre le froid et le gel, on aura recours aux procédés classiques : pose de toiles contre les portes, installation de portes en liteaux lorsque les clapiers possèdent des auvents avancés, protection qui permettra l'abreuvement pendant les heures les moins froides de la journée.  Ajoutons que les lapins devront disposer d'une litière profonde et sèche durant les jours particulièrement froids ; les parois des clapiers, notamment celles des cages en fibrociment seront avantageusement doublées de balles de paille.  Lorsque les clapiers sont installés à l'extérieur d'anciennes dépendances sans plafond, ou de hangars, l'éclairage souvent défectueux dans ces locaux peut être facilement amélioré en incorporant dans la toiture des plaques translucides en polyester.

Pour les mise-bas, les femelles gestantes seront placées dans un local à l'abri du gel, mais de préférence dans une pièce chauffée à une température convenable (température idéale : 16 à 18 degrés - une température de 8 degrés permet toutefois d'obtenir de bons résultats). Une remarque : un lapin logé à l'extérieur ou dans un local à basse température, souffrant du froid ou malade, ne doit pas être apporté sans transition à proximité d'une source de chaleur.
 
En cette saison, l'éleveur doit avoir deux objectifs essentiels : faire produire au maximum ses reproductrices en vue de profiter des cours plus avantageux des prochains mois ; choisir et préparer les futures reproductrices, compte tenu de l'importance qu'il veut donner à son clapier.  C'est donc aussi le moment d'acquérir les futurs reproducteurs dans les élevages spécialisés : achetés jeunes (en vue de reproduire au printemps), ils seront à meilleur prix - l'achat d'un mâle reproducteur (pour dix femelles à l'élevage) - suffira souvent à éviter la consanguinité.
 
Il semble utile de rappeler que les femelles peuvent être affectées à la reproduction dès leur maturité sexuelle, tout retard risquant de provoquer l'envahissement des organes de la reproduction par les tissus graisseux, et de rendre les accouplements difficiles.  L'âge d'accouplement varie selon les races, les animaux des grandes races ne pouvant être accouplés au plus tôt que vers 7 à 8 mois, ceux de petite taille vers 5 mois, tandis que l'âge de 6 mois semble convenir à ceux de race moyenne.

On a souvent tendance à faire reproduire les femelles plus jeunes.  Une sélection orientée vers la précocité, l'emploi des aliments composés peuvent, certes, permettre quelque progrès dans ce sens.  Par exemple, certaines femelles particulièrement précoces et tendant à l'engraissement, présentées au mâle peu après 5 mois, peuvent donner de bons résultats.  Cependant, on constate généralement un arrêt plus ou moins marqué dans le développement des femelles utilisées trop tôt pour la reproduction, et aussi une moindre résistance aux maladies, avec toutes les conséquences qui en résultent, notamment sur la croissance de portées.
 
En hiver, le pourcentage de conception est certainement le plus faible de l'année, aussi est-il judicieux, tout en évitant les aliments engraissants, d'enrichir les rations des femelles devant être présentées aux mâles, afin d'accroître les chances de fécondation ainsi que l'importance des portées.  Les aliments concentrés, l'avoine germée et les choux fourragers (deux fois par semaine seulement) sont à retenir pour cette préparation.
 
Dans toute la mesure du possible, les saillies sont groupées afin de permettre, lors des mise-mas, l'égalisation des portées, et pour faciliter le travail d'entretien des bandes de lapereaux, afin de procéder à des ventes simultanées de sujets du même âge.

Une deuxième saillie, immédiatement après la première est inutile, à moins que celle-ci n'ait pas été « bien constatée ». Par contre, on augmente les chances de fécondation en obtenant une deuxième saillie huit ou dix heures après la première, l'excitation ayant alors contribué à provoquer l'ovulation.  Quand le refus de copulation résulte d'une antipathie entre le mâle et la femelle, il faut présenter celle-ci à un autre mâle.
Certains éleveurs augmentent les chances de réussite en présentant la femelle au mâle, maintenue d'une main au niveau des épaules, tandis que l'autre main soulève l'arrière-train.  Le mâle, hésitant au début, se fait bientôt complice de l'opération.  Après constatation de son état de gestation, la lapine sera déparasitée, vaccinée, puis placée dans un endroit tranquille et sain.  Les rations seront progressivement enrichies.  La mise-bas aura lieu dans une loge désinfectée, bien sèche (se méfier de l'humidité provenant des cases supérieures), de préférence située aux étages supérieurs pour éviter les effets néfastes de l'humidité.  Pour la création du nid, la femelle recevra une abondante quantité de foin sec et très propre.

Les précautions à prendre pour la mise bas et les premiers soins à apporter à la nichée devant être examinés par ailleurs, nous traiterons brièvement du problème du sexage à la naissance.  C'est une opération délicate qui exige une certaine pratique et de l'expérience.  Il faut aussi posséder une bonne vue, ou encore employer une loupe oculaire d'horloger.  Le jeune est maintenu doucement d'une main, la tête tournée vers l'éleveur, les pattes postérieures écartées.  Par de légères pressions de chaque côté de l'orifice génital, on fait apparaître le sexe et l'anus.  Chez la femelle, on remarque un point : l'anus et une fente, tandis que chez le mâle, on voit apparaître deux points plus éloignés l'un de l'autre.
 
Avec l’aimable autorisation de Monsieur Hugues Artèse
 
http://basse-cour-et-voliere.over-blog.com/
 
 
 
 



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